Le train fantôme*
Un peu comme les bouchons sur l'autoroute, la population d'un train est une chose assez versatile. Dans le cas de la circulation, 5 minutes peuvent faire basculer une autoroute déserte en un amas de véhicules entassés formant un bouchon et, dans le cas des TER matinaux, la clientèle varie du tout au tout d'un train à l'autre.
J'avais déjà mentalement noté la barre fatidique des 7 heures, le moment de la journée à partir duquel le nombre de passage augmente de manière exponentielle. Alors que dans le train de 6h55 on pourrait garder de la place pour une équipe de foot (staff et supporters compris) sans que ça ne pose de problèmes ni même que personne ne s'en aperçoive, le train suivant (7h10) est plein à craquer des la première gare du parcours et la suite du trajet n'est qu'un long soupir de "poussez pas", "mais y'a pas de place", "prend le suivant", "pov' type" (et autres joyeusetés du même style).
Pourtant, si un changement quantitatif s'opère vers 7h00 que dire de 6h30 ?
Le train de 6h40 ressemble comme deux gouttes d'eaux à celui de 6h55 avec plus d'arrêts, mais les 8 minutes qui le séparent de celui de 6h30 semblent être un gouffre, une faille invisible empêche la normalité de passer. Ainsi, dans le train de 6h30 on croise les jeunes un peu torride qui rentre de boite, les mec encore bourré de la veille (ou déjà beurré du matin), les fous (vous savez, les personnes un peu "différentes" qui se parlent tout seul, sont perclus de toc et on toujours l'air de débarquer) ou simplement des gens bizarres. Ce matin, j'ai fais la total : pendant deux arrêts, j'étais seul dans le même wagon qu'un mec qui marchait de long en large en parlant au train ("non, tu vas trop vite, maintenant arrête toi") et qui le caressai quand il obéissait à ses ordres (à chaque station j'avais un : "c'est bien, c'est bien"). Du coup, je me suis décalé pour tomber sur un couple encore en habits de soirée... mais en passe de ne plus rien porter du tout. Il sont rapidement descendu pour laisser la place à un mec qui à éteint son mégotdans le train en crachant dessus. La classe. Je veux faire ça quand je serrai grand.
Parfois, on regrette de s'être vite préparé.
*A ne pas confondre avec une autres spécialité de la SNCF les trains qui n'apparaissent nul part, ni sur les horaires ni dans l'affichage en gare mais qui roulent quand même.