Into the wild de Sean Penn
Il existe des films qui, lors de leurs sorties, font l’unanimité tant au niveau de la critique que des spectateurs et Into the wild fait partie de ceux qui ont enthousiasmé (voire embrasé) les professionnels comme le public. Effectivement, quand on le regarde on reste scotcher jusqu’à la fin en se demandant « mais qu’est ce qu’ils ont tous bien pu aimer la dedans ? ».
Le scenario, très simple (ce qui n’est pas forcement un problème), se focalise sur un jeune homme issu de la classe moyenne supérieure américaine qui, avant son entré dans une fac prestigieuse, décide de voir du pays. Pour vivre pleinement son expérience il renonce à tous ses biens et sillonne les routes (avec comme finalité d’atteindre le Canada) s’ouvrant ainsi à de nouvelles expériences, des paysage somptueux et des relations humaine profonde.
Autant être honnête : à la base le road trip, l’envi de liberté qui pousse partir un sac vissé sur le dos et rien dans les poches pour découvrir la vraie liberté, ça me laisse froid. Je ne déteste pas l’idée mais disons qu’il faut plus pour me faire rêver or ce film ne possède rien de plus. On pourrait contester la chronique qui va suivre en la trouvant subjective et j’avoue que c’est partiellement le cas (un peu comme toutes les critiques en fait) mais pas totalement. En effet, même si je ne suis pas fan du postulat de départ, je n’étais pas non plus hermétiquement fermé à ce que pouvait me proposer ce métrage or je l’ai trouvé simpliste, bête et inutile à l’image de sa première scène ou notre héros mange avec ses parents qui proposent, pour fêter son diplôme, de lui offrir une nouvelle voiture. Sans même un remerciement, notre tête de con s’énerve « acheter, acheter, toujours acheter alors que ma vieille voiture roule encore ». Vous l’aurez compris, le capitalisme, ce n’est pas bien, l’argent corrompt tout et les pauvres travailleurs sont spoliés par des patrons qui délocalisent en chine et qui tuent les ours polaires.
Et tout le film repose sur cette logique bas de plafond du héros qui part retrouver sa liberté, brisant les liens qui l’enchainent à ses parents trop stricts et trop américains. D’ailleurs, pour bien nous le faire comprendre, on apprend que le père est militaire (la rigueur et le patriotisme), que la mère est femme au foyer dans une banlieue chic alors qu’elle avait fais des études (la société de la domination masculine a encore frappé) et sa sœur, la voix off, est en admiration devant ce dieu intrépide qu’est son frère, surpassant tous les tabous de sa classe social. Il part ainsi à la découverte d’un nouveau monde rempli de bisounours gentils. A aucun moment il ne se fait piquer son sac, braquer son pognon ou juste emmerder par une bande d’alcoolo. Non. Les gens avec un mode de vie alternatif sont bons, même capables de sentiments humains alors qu’ils vivent dans des caravanes. Tu l’aurais cru toi ? Les mecs qui recèlent des décodeurs et travail au black sont en fait les grands frères qu’on n’a jamais eu, les européens mettent forcement leur meuf à poil devant tout le monde puisqu’on n’est beaucoup moins coincé sur l’ancien continent que sur le nouveau, les petits vieux aigri se trouve être seul et en mal d’affection et les couple en camping car sont les Roméo et Juliette des temps moderne, s’affranchissant des obligations de la société moderne pour vivre leur amour. Le genre de truc auquel on pourrait adhérer si on n’avait pas tout les cinq minutes un énorme CLICHE SIMPLISTE qui nous défonce le crane à la vitesse d’un concorde sous débouche chiotte. Ceci dit, ces seconds rôles sont les éléments les moins pires du film (ainsi que la musque d’Eddie Vedder, leader du groupe Pearl Jam).
Le héros, quant à lui, est con comme une livre de beurre. Admettons qu’il ai une vision élémentaire du monde, concédons qu’il brule tout son argent pour aller travailler afin de gagner de l’argent pour payer son voyage en moins de cinq minute de métrage, accordons lui le fait qu’il doive se rendre en pleine nature, au bout de son idée pour retrouver sa liberté et faire la paix avec lui-même (et oui, le but du film, c’est ça) au prix de sa vie, donnons lui le droit de râler parce qu’il doit s’inscrire auprès des autorités pour descendre un fleuve en canoë alors qu’il n’est pas professionnel et qu’il refuse de passer par des organismes, partons du principe que, malgré qu’il soit admis à Harvard, il soit trop bête pour confondre deux plantes (l’une comestible l’autre mortelle) ou pour ne pas comprendre les conseils d’un trappeur (qui, en gros lui dit « tu ne prends que la viande qu’il te faut le plus rapidement possible sinon les mouches vont pondre dedans » mais pour découper un cerf entier il met des heures sous un soleil de plomb même après l’arrivée des premiers insectes), est ce que sa quête lui octroie le droit de faire souffrir les gens ? Car, un peu à la façon d’un Attila des sentiments, il détruit tout sur son passage, ne donnant aucunes nouvelles à ses parents pendant des mois (mais ce n’est pas grave puisque grâce à cette perte, ils se rapprochent à nouveau), tout comme sa sœur (qui lui pardonne d’emblé car elle comprend qu’il a suffisamment confiance en elle pour l’abandonner. Sic), lâchant une amoureuse éperdue dans une caravane, abandonnant un vieillard à sa solitude après lui avoir procuré un bien être inespéré. Au final on a l’impression qu’il fait un voyage pour s’enrichir et que rien de tout ce qu’il vit n’a d’impact sur lui à part l’imminence de sa propre mort, qui, enfin, daigne le faire réagir.
De plus, rien de ce que fais le réalisateur ne permet au navire de redresser la barre. Filmé dans un style proche de celui d’Oliver Stone (comme l’a remarqué mon compère BusterCasey), on ocille entre le national géographique pour les paysages et un flou hamiltonnien pour suggérer la déferlante subtilité d’émotions puissantes aussi efficace qui si on essayait de détruire un rocher en s’acharnant dessus avec un édredon, le film ennui, manquant cruellement de rythme.
En gros, on assiste à un film ennuyeux, une critique simpliste du monde actuel, servi par un personnage horripilant au possible dans une bouillie scénaristique et émotionnel passant cruellement à coté des vrais sentiments et délivrant un message vaseux.